🛠️ Une étincelle d’IA : comment une petite entreprise d’électricité a transformé son quotidien avec ChatGPT
1. Une révolution discrète dans l’artisanat
Il y a des révolutions tonitruantes et d’autres, silencieuses. Dans les grands journaux, on parle d’intelligence artificielle dans les laboratoires, les start-ups de la tech, les grandes écoles, ou encore dans la finance. Mais dans un petit atelier de province, entre des rouleaux de câble électrique, un vieux PC portable et des feuilles de devis froissées, une autre révolution se joue. Celle d’une TPE artisanale qui a intégré ChatGPT dans son quotidien, non pas pour "faire du buzz", mais pour travailler mieux, plus vite et avec moins de stress.
Bienvenue chez Les Électriciens nordistes, une entreprise familiale de deux personnes, fondée en 2011 dans la métropole lilloise. Ce témoignage raconte leur virage numérique, leurs doutes, leurs essais, leurs erreurs — et leur étonnant succès.
2. Présentation de l’entreprise : Les Électriciens nordistes
Jean-Baptiste Masson, 43 ans, est artisan électricien depuis ses 18 ans. Il a repris l’activité de son oncle après un BEP et n’a jamais quitté le terrain. « Je ne suis pas un homme de bureau, moi. Ce que j’aime, c’est faire des tranchées, raccorder un tableau, comprendre une panne », dit-il d’emblée. Il travaille avec sa compagne Sophie, 39 ans, qui s’occupe de la comptabilité, du téléphone, des devis et des relances clients.
Avec environ 180 chantiers par an, dont 60 % de rénovation et 40 % de dépannage, leur emploi du temps est millimétré. Pas de service informatique, pas d’agence marketing, pas de chargé d’affaires. « Tout passe par nous. Et souvent, le soir, on rentrait, on était rincés… et il fallait encore faire les devis ou répondre à un client furieux parce qu’il n’avait pas eu son attestation de conformité ».
3. Les difficultés avant l’IA : paperasse, devis, fatigue mentale
Ce n’est pas le travail technique qui posait problème, mais l’administratif et la surcharge mentale. À mesure que les obligations légales augmentaient (facturation numérique, mentions obligatoires, gestion de la TVA, RGPD…), leur sentiment de débordement aussi. Voici les principales difficultés évoquées par Sophie :
C’est ce contexte de fatigue administrative chronique qui va conduire le couple à tester une solution improbable : une intelligence artificielle.
4. Le déclic : une discussion de comptoir et une vidéo YouTube
Tout commence en mars 2024. Jean-Baptiste, au comptoir d’un grossiste, entend un autre artisan dire en rigolant : « Moi, mes devis, c’est ChatGPT qui me les fait ! » Intrigué, il en parle à Sophie. « Franchement, j’y croyais pas. Pour moi, c’était un gadget de geek, pas un truc pour des gens comme nous. » Mais le soir-même, elle regarde une vidéo YouTube : "Comment une auto-entrepreneuse gagne 10h par semaine grâce à l’IA". Elle découvre un monde inconnu.
Deux jours plus tard, elle se crée un compte sur OpenAI, version gratuite. Et le test commence.
5. Les premiers pas avec ChatGPT
Le premier prompt qu’elle tape est simple :
"Rédige-moi un devis pour la remise aux normes électriques complète d’un appartement de 70m² avec pose de tableau, disjoncteurs, prises, interrupteurs, luminaires."
En moins de 15 secondes, elle obtient un texte structuré. Certes, pas parfait, mais étonnamment clair. Elle affine la demande, ajoute la ville, le nom du client, les délais, et demande à ChatGPT de formuler tout ça dans un ton professionnel. Elle ajoute même :
"Fais attention aux mentions légales et à l’assurance décennale."
Le résultat la bluffe. Elle copie-colle le tout dans Word, adapte les prix, et économise 45 minutes par rapport à son habitude.
6. Cas d’usage #1 : rédaction automatisée de devis et courriers
En quelques semaines, l’IA devient un assistant personnel invisible. Sophie s’en sert pour :
« C’est comme si j’avais une secrétaire super rapide, jamais fatiguée, qui connaît tout le droit administratif. Je relis toujours, mais franchement, elle m’allège. »
Elle garde un œil critique sur les contenus générés, mais affirme qu’elle gagne 2 à 3 heures par semaine.
7. Cas d’usage #2 : support technique en temps réel sur les normes
Jean-Baptiste, plus sceptique, finit lui aussi par y trouver son compte. Lors d’un chantier en avril 2024, il hésite sur la hauteur réglementaire d’une prise dans une salle de bains. Plutôt que fouiller un PDF de 180 pages de la norme NFC 15-100, il tente un prompt :
"À quelle hauteur minimale faut-il installer une prise dans une salle de bains selon la norme NFC 15-100 ?"
Réponse claire, rapide, avec rappel des volumes de sécurité. Il recoupe l’info dans son manuel, valide.
Il en fait un assistant technique de terrain, notamment pour :
8. Cas d’usage #3 : optimisation de la communication client
Sophie expérimente aussi l’IA pour améliorer leur relation client, un point faible identifié. Grâce à ChatGPT, elle :
Elle envisage même de proposer un FAQ automatisé sur leur site, alimenté par l’IA, pour répondre aux questions fréquentes (ex : “Que faire si le différentiel saute ?”).
9. Choix techniques : outils utilisés, paramétrages, accès
Après trois mois de tests, le couple adopte l’outil à plein temps. Voici leur stack technique ultra-légère :
Ils ont tenté l’intégration via Zapier, mais abandonné faute de temps. Leur usage reste simple et efficace : du copier-coller intelligent.
10. Obstacles rencontrés : résistance humaine, erreurs, limites
L’adoption ne fut pas un long fleuve tranquille. Jean-Baptiste le dit sans détour : « J’ai failli tout laisser tomber au bout de deux semaines. Je comprenais rien à leurs histoires de prompts, de tokens, de contextes... Et puis j’ai eu peur. Peur qu’un jour on fasse un devis faux, qu’on se plante sur une norme, qu’on perde un client. »
🧱 Résistances humaines
Les premières difficultés étaient psychologiques :
Sophie a dû rassurer, former, expliquer. « Je me suis fait des fiches, j’ai noté mes meilleurs prompts. En deux mois, c’était fluide. »
🔍 Erreurs et ajustements
Quelques maladresses ont aussi été notées :
Ils ont donc appris à relire systématiquement, à ajuster les prompts, et à ne pas déléguer la responsabilité légale au robot.
« Ce n’est pas une baguette magique. Mais si tu restes maître du jeu, c’est un super outil. »
11. Bilan après 12 mois : gain de temps, soulagement cognitif, retour sur investissement
Un an après leur premier test, Sophie et Jean-Baptiste dressent un bilan très positif, à la fois quantitatif et qualitatif.
⏳ Gain de temps mesurable
Sophie résume : « Avant, je bossais souvent jusqu’à 21h. Maintenant, on dîne à 19h30. »
💸 Retour sur investissement
Ils n’ont pas eu besoin de recruter une aide administrative ou d’acheter un logiciel spécialisé.
🧠 Soulagement mental
Le plus grand bénéfice n’est pas financier, mais psychologique.
Jean-Baptiste confie : « Avant, l’administratif, c’était une punition. Maintenant, c’est plus fluide. Et parfois même un peu marrant. »
12. Une TPE augmentée, pas remplacée
Ce qui ressort de ce témoignage, c’est une vision très concrète de ce qu’on appelle l’intelligence artificielle dans les petites structures. Ici, pas de chatbot automatique, pas d’automatisation de masse, pas de plan de "transformation numérique". Juste une intégration douce, ciblée, raisonnée, au service du réel.
Sophie :
« On n’a pas remplacé notre cerveau. On l’a juste aidé. On reste les auteurs de ce qu’on envoie aux clients. »
Jean-Baptiste :
« L’IA, c’est comme un stagiaire génial… mais à qui tu dois apprendre à bien bosser. Et à qui tu ne donnes pas les clés du camion. »
Ils insistent aussi sur le fait que l’IA n’a pas changé leur rapport au client, ni leur métier. Mais elle leur a rendu des heures de vie.
13. Vers l’avenir : nouvelles pistes, nouvelles idées
Forts de ce succès, ils explorent désormais d’autres usages :
Ils envisagent même de former d’autres artisans. « Pourquoi pas faire une vidéo ou un tuto pour nos confrères ? Il y a trop de gens qui passent à côté d’un vrai coup de main… »
14. Une leçon pour toutes les petites entreprises
L’histoire des Électriciens nordistes n’est pas un cas isolé. Partout en France, des milliers de TPE artisanales se battent contre le temps, la paperasse, les normes changeantes, la pression client. Ce témoignage montre que l’IA générative peut réellement aider, sans tout bouleverser, à condition d’être utilisée avec bon sens.
Quelques principes clés ressortent :
Conclusion – Le numérique au service des mains
La modernité ne s’oppose pas à l’artisanat. Elle peut s’y greffer, comme un outil de plus dans la caisse. À l’heure où l’on parle d’IA dans des termes souvent abstraits, ce témoignage rappelle une chose essentielle : les intelligences artificielles ne remplacent pas les mains, les savoir-faire, ni les relations humaines. Mais elles peuvent les soulager, les épauler, les amplifier.
Et peut-être qu’un jour, dans toutes les camionnettes d’artisans, entre la perceuse et le plan électrique, il y aura un assistant IA, discret, fiable, et toujours prêt à répondre.
Comme dit Jean-Baptiste, sourire en coin :
« C’est pas demain que ChatGPT va tirer un câble dans un faux plafond. Mais pour m’épargner les trois mails ch… à envoyer ce soir… là, je dis merci. »